Je creuse sans ambition ce qu'il reste de moi. Je pose sans passion ce qui fait de moi ce que je suis - mes joies, mes phobies - sur la place publique. Pas mes tristesses. Mes tristesse, je les garde pour moi car rien ne fait plus de moi qu'elles ce que je suis. Je souffre un peu lorsque j'évide l'entre-tripes en mon ventre qui est déjà assez bien rempli de rien. Je souffre mais c'est pour cacher ma tristesse alors ça vaut le coup et je fume, je fume trop pour brouiller les pistes. Je fume mes clopes et je les fume de bout en bout et je fumerais mes doigts si je n'avais plus de clopes à fumer. Quand je ne fume pas mes mains tremblent et pour tenter, avec une absurde inutilité, d'arrêter les tremblements, je fais saigner les doigts en abimant ma peau avec mes dents trop fourbes. Et je saigne et je voudrais bien, moi, arrêter de saigner alors au bout de chacun de mes doigts, j'ai mis un pansement trop serré. Ça ne marche pas vraiment puisque les traces sur mes poignets, du coup, celles qui sont nées de mes mains qui serrent trop pour me faire avorter de mes peurs, ces tristes traces elles vivent encore plus fort maintenant (et plus les traces vivent plus les phobies vivent elles aussi). Mes phobies, parlons-en. J'ai peur, une peur phobique de toutes mes peurs, une peur phobique d'avoir peur. Noir, vide, eau, mort, solitude, foule, feu, monstres et tout le reste, oui, tout le reste aussi. J'ai peur du jugement des autres. Du mien aussi, bien sûr, mais le mien je m'y suis habitué. Je ne suis pas très beau, pas très gentil non plus. Pas que je ne veuille pas mais je ne sais pas faire. J'ai une mauvaise maîtrise totale de ce qu'est ma vie. Je ne contrôle rien d'autre que mon élégance. Il est plus simple de mettre une cravate que de serrer la main à tous ces corps trop flous que je croise. Je ne sais pas me faire comprendre (je ne veux pas qu'on me comprenne) et je ne cherche pas à comprendre les autres car ils sont trop et tous trop différents. J'ai vu dans mon enfance trop de flammes pour n'être pas devenu, aujourd'hui, un petit peu au moins, la pâle copie d'un aveugle. Je ne vois plus que ce qui est laid, tout le reste je l'oublie, je l'omets. Je ne fais finalement que vomir mon malaise constant et je me noie dans ce sentiment dégueulasse.Je bois la tasse, ma mer de sentiments est violente ce soir : violentes vagues à l'âme. Alors je bois un verre pour tenter d'oublier et comme cela ne marche pas vraiment, silencieusement alors que ça hurle dans ma tête, je m'en ressers un autre, je m'en ressers un autre, je m'en ressers un autre. Et la nuit, après ça, je fais d'élégants cauchemars. Je me réveille, je cherche les monstres sous mon lit et j'ai tout le reste de la nuit pour réaliser qu'ils sont en moi. Je taillerais mes cernes au charbon qu'elles se verraient moins que maintenant. J'ai des doigts trop maigres pour ma taille, ça doit être dû aux insomnies. On oublie de manger lorsqu'on est trop fatigué. C'est peut-être cela, le problème. peut-être. Je vais aller dormir.

Racontez ici l'histoire de votre personnage en une trentaine de lignes minimum. Vous pouvez utiliser la forme que vous souhaitez, narration, journal intime, lettre, c'est vous qui décidez! Essayez d'aller à l'essentiel, histoire qu'on puisse en savoir le plus possible sur votre personnage.